Port Louis : Des collégiens préparent depuis plusieurs mois un voyage au Bénin
Connaitre son passé pour mieux appréhender son futur, tel est le fil conducteur qui motive des élèves de 5ème de 4ème du collège de Port-Louis dans leur projet de déplacement en Afrique, précisément au Bénin.
Le grand projet, qui anime des élèves de 5ème et de 4ème (option patrimoine) depuis plusieurs semaines, consiste à finaliser un déplacement en Afrique et plus précisément au Bénin. Il devrait se concrétiser, si tout se passe bien, en 2022. Un voyage permis par l’association Génération Timoun TMA dont les fondateurs sont Suzanne Dimosi et Thierry Chaffanel. Si ce projet paraît ambitieux, il a déjà été réalisé en 2019, par des élèves de 4ème du collège Alexandre Macal de Saint-François. Une nouvelle réunion a eu lieu, il y a quelques jours, avec toutes les parties prenantes (communauté scolaire et partenaires). Une première s’était déroulée en fin d’année dernière. « On peut penser que c’est un projet incroyable et un peu fou mais pas du tout puisque que c’est un projet qui a déjà été réalisé en 2019 par un autre collège. Il y a donc toute l’expérience accumulée derrière. Ainsi, cette entreprise est non seulement réalisable mais nous allons le faire à notre tour. Merci à la commune de Port-Louis qui nous accompagne et surtout merci à l’association Génération Timoun TMA d’avoir pensé à nous et de nous apporter toute la logistique et l’expérience nécessaire » avait déclaré le principal du collège de Port-Louis, Thierry Kiledjian lors de la première réunion parents-élèves pour la présentation du projet, en novembre dernier.
Dans les traces d’une histoire commune
Le professeur d’histoire Duncan Durimel, co-organisateur du projet, reste sur la même longueur d’onde. « C’est un projet très important, et unique pour nous. On dit souvent que les voyages forment la jeunesse et souvent c’est le cas. Les élèves vont partir loin pour apprendre davantage sur eux. Le projet s’inscrit dans un enseignement pratique interdisciplinaire assez large qui regroupe le français avec Cindy Jean-Joseph, la technologie, avec Nathalie Alberto et Denise Gustave, documentaliste qui participera également à l’opération. Concernant ce voyage particulièrement, l’année prochaine, en 4ème, nous allons étudier l’histoire de la Traite négrière et l’Afrique. Ce sera l’occasion de casser les clichés sur ce continent car bien souvent on l’associe à la pauvreté. Ce voyage est là pour montrer qu’avec les Antilles, il y a des passerelles. Beaucoup de nos contes et légendes sont en partie hérités des contes et légendes béninois. Beaucoup d’Africains qui ont été emmenés en Guadeloupe venaient de la côte occidentale de l’Afrique, du Bénin plus particulièrement. Quelle est la vie d’un élève de 4e de l’autre côté ? Nous voulons ouvrir le regard de nos enfants et les former à être des citoyens de demain.
«Un voyage scolaire initiatique »
Un voyage pédagogique pour transmettre à la jeune génération le savoir des ancêtres disparus. L’histoire de l’Afrique et de la Guadeloupe remonte bien loin dans le temps. Si certains préfèrent oublier cette affiliation, d’autres tentent de réconcilier le passé et le présent pour refaire du lien. « A travers ce voyage scolaire initiatique, construction et pédagogique, nous souhaitons emmener les enfants de la Caraïbe à l’école en Afrique, confie Suzanne Dimosi. Ce voyage est le fruit d’une ambition commune de Thierry Chaffanel et de moi-même. Il s’agit de notre bébé que nous avons porté durant 9 mois. Ça a été compliqué parfois, à tel point que j’ai pensé qu’il faudrait une césarienne mais fort heureusement, ce bébé est venu au monde en 2019 et depuis, il se porte bien. Originaire d’Afrique, j’ai envie de tabler sur notre jeunesse par la transmission et rien de mieux que de retourner aux sources sauf qu’un tel voyage ne s’improvise pas sans le concours de partenaires »
Le financement, l’affaire de tous
L’association est la transporteuse et la logisticienne. Elle organise les choses avec l’aide de partenaires au Bénin qui nous accompagnent, nous restaurent, nous hébergent et nous soignent. Pour une bonne organisation, le financement est l’affaire de tous. Les élèves tout comme les parents devront prendre leur part et être force de propositions » a expliqué Thierry Chaffanel
Elle a dit – Elisabeth Desbois-Dimosi, professeure d’histoire du collège Alexandre Macal.
« Ça été une expérience extraordinaire. Ce projet est né d’un rêve de ma sœur qui s’est concrétisé avec le soutien de Thierry Chaffanel et de toute une équipe à Paris et en Guadeloupe. Quand j’ai présenté ce projet de voyage dans un pays francophone à mes élèves de 5ème de l’époque, ils ne pensaient pas qu’il s’agirait de l’Afrique, loin de là. Pour exprimer leur envie, ils ont donc dû écrire une lettre de motivation consistant à donner la raison pour laquelle nous devions les choisir, eux plutôt que d’autres. J’ai fait passer le message à toutes les 5èmes puis, nous les avons sélectionnés. En quatrième, nous avons constitué les équipes et avons travaillé durant 2 ans. Nous n’avons jamais pensé que cela ne se réaliserait pas, ni les difficultés qu’il pourrait y avoir. Nous avons simplement cru.»